Nous avions minutieusement préparé notre calendrier d’activités pour le mois de février. Nous voulions commémorer grandiosement la création du Rotary, le 23 février, pour le bonheur que nous procurent nos actions et notre appartenance à un mouvement international qui œuvre pour le bien dans le monde. Nous voulions également marquer le « mois de la Paix », tel que désigné dans le calendrier de l’année rotarienne 2018-2019, par un ensemble de causeries et d’actions de sensibilisation sur cette thématique méconnue, sinon galvaudée. Nous voulions comprendre et faire comprendre ce que c’est que la paix, nous voulions apporter notre humble contribution à l’éducation à la paix, nous voulions discuter des défis et pistes de solutions durables pour Haïti…. Nous avions un tas d’idées… qui se sont vites révélées être des idéaux. Nous étions loin de nous douter que nous manquerions cruellement de paix pendant ce mois de février en Haïti. Les plus optimistes diront que ce serait justement l’opportunité d’en parler ; les autres, plus nombreux, diront plutôt que c’est peine perdue car un mal plus complexe et plus profond, ces inégalités séculaires, a enraciné notre inespérance dans la paix.
Il nous faut guérir d’un mal à la fois et se concentrer sur le plus « évident », direz-vous. Nous croyons plutôt que le plus évident c’est celui qui nous empêche de voir « l’après », le plus profond. Nous pourrions perdre de vue que la Paix est évolutive, même dans les formes que peuvent prendre son éducation et sa promotion. Mais ce n’est pas la voie constructive et durable généralement privilégiée parce qu’elle nécessite des changements plus profonds… voire réels…
Peut-être qu’il s’agit d’une réflexion qu’il faudra initier lorsque les esprits seront plus calmes… si jamais ça arrive assez tôt. Entre temps, nous préférons nous accrocher à la vision de l’éducation portée par Lourdes Quisumbing, ancien Secrétaire d’État à l’éducation des Philippines, puis représentante permanente du gouvernement philippin auprès de l’UNESCO : « Une éducation de qualité requiert une approche pédagogique qui ne se restreigne pas aux connaissances (..) mais éduque le cœur et les émotions et développe l’aptitude à choisir librement et à valoriser, à décider et à transposer dans l’action les connaissances et les valeurs. » L’éducation du cœur devrait être au cœur de l’éducation à la paix…
Mais ce ne sont que les réflexions de néophyte dont le cœur est resté enfermé trop longtemps, plus d’une semaine sans la paix.